Giara - Cavallino della

Cheval de la Giara en Sardaigne. - CC BY-SA 3.0 - Helga Steinreich
Cheval de la Giara en Sardaigne. - CC BY-SA 3.0 - Helga Steinreich Source

Caractéristiques générales

Région d’origine

Continent : Europe Pays : Italie

Mensurations

Poids : 170 – 220 kg

Taille : 128 – 132 cm

Robes

  • Noir : Poils et crins entièrement noirs, peau sombre.
  • Bai : Corps fauve, crins noirs, extrémités souvent noires.
  • Pangaré : Éclaircissement du bas du corps : ventre, naseaux, aisselles.

Disciplines et aptitudes

  • Attelage : Tir de véhicules (voiture, chariot) par un ou plusieurs chevaux.
  • Randonnée : Balade à cheval sur chemins ou en pleine nature.
  • Travail du bétail : Conduite et tri du bétail, souvent à l'extérieur.
  • École d’équitation : Utilisé pour l’apprentissage dans les centres.
  • Trait : Travail de traction agricole ou forestier.
  • Thérapie : Utilisé en médiation équine ou équithérapie.
  • Loisir

Galerie

Groupe de chevaux de la Giara à Gesturi. - CC BY-SA 3.0 - Helga Steinreich
Groupe de chevaux de la Giara à Gesturi. - CC BY-SA 3.0 - Helga Steinreich Source
Groupe de chevaux de la Giara au printemps. - CC BY-SA 4.0 - Michele Zucca
Groupe de chevaux de la Giara au printemps. - CC BY-SA 4.0 - Michele Zucca Source
Chevaux de la Giara à Genoni. - CC BY-SA 3.0 - Comune di Genoni
Chevaux de la Giara à Genoni. - CC BY-SA 3.0 - Comune di Genoni Source
Chevaux de la Giara en semi-liberté avec des bovins. - CC BY-SA 3.0 - Javier Sanchez Portero
Chevaux de la Giara en semi-liberté avec des bovins. - CC BY-SA 3.0 - Javier Sanchez Portero Source

Origine

Le Cavallino della Giara, ou cheval de la Giara, est une race autochtone de Sardaigne, étroitement liée au plateau basaltique de la Giara di Gesturi, au centre-sud de l’île. Cet environnement particulier, situé à environ 500 mètres d’altitude, est formé de prairies, de mares saisonnières et de forêts clairsemées, offrant un habitat isolé et propice au maintien d’une population équine semi-sauvage.


L’origine exacte de cette race reste débattue.

Plusieurs théories coexistent :


  • Certains chercheurs suggèrent une introduction par les Phéniciens ou les Carthaginois, qui auraient apporté des chevaux d’Orient ou d’Afrique du Nord sur l’île.
  • D’autres lient sa présence aux Romains, qui utilisaient déjà des chevaux sardes réputés pour leur rusticité.
  • Une hypothèse plus récente évoque une descendance de petits chevaux ibériques introduits au Moyen Âge lors de la domination aragonaise.

Quoi qu’il en soit, le Cavallino della Giara s’est adapté au fil des siècles à des conditions de vie rudes : alimentation pauvre, climat méditerranéen marqué par des étés secs et des hivers frais. Cette évolution a forgé un cheval robuste, frugal et résistant, considéré comme l’un des derniers témoins des populations équines primitives méditerranéennes.

Importance génétique

Le Cavallino della Giara est l’une des races équines les plus précieuses d’Italie d’un point de vue génétique, écologique et culturel.


 Une race unique et isolée

  • Population confinée au plateau de la Giara di Gesturi.
  • L’isolement a limité les croisements avec d’autres chevaux, créant une homogénéité génétique rare en Europe.
  • C’est l’un des derniers chevaux semi-sauvages de l’Italie et de la Méditerranée occidentale.

 Adaptations naturelles remarquables

  • Rusticité : adaptation à un sol basaltique pauvre, climat chaud et sec, manque d’eau en été.
  • Endurance et sobriété : il supporte des conditions extrêmes et trouve ses ressources dans un écosystème limité (paulis, maquis).
  • Santé naturelle : très peu de pathologies génétiques rapportées, forte résistance aux maladies et à la sous-alimentation.

 Importance dans la biodiversité équine italienne

  • Classé parmi les 16 races équines italiennes autochtones à effectif limité reconnues et protégées par le MIPAAF (Ministero delle Politiche Agricole, Alimentari e Forestali).
  • Constitue un réservoir génétique important pour la recherche en adaptation, résistance et sobriété alimentaire.
  • Les gènes du Cavallino della Giara sont étudiés pour la conservation de lignées équines primitives européennes.

 Valeur culturelle et scientifique

  • Patrimoine culturel sarde : symbole d’identité et de tradition.
  • Objet d’études zoologiques et génétiques : son pool génétique archaïque permet de mieux comprendre l’évolution des chevaux méditerranéens.
  • Conservation intégrée dans les programmes régionaux de biodiversité animale.

 Statut actuel

  • Population réduite (environ 600 à 700 individus aujourd’hui).
  • Menace principale : réduction de l’habitat naturel et croisement éventuel avec d’autres chevaux si non surveillés.
  • Protection assurée par le Stud-book géré par l’ANAREAI et par l’organisme régional Agris Sardegna.

Le Cavallino della Giara représente un patrimoine génétique unique en Europe, essentiel à préserver, à la fois comme relique évolutive, comme réservoir de rusticité et comme symbole culturel de la Sardaigne.


Morphologie & traits physiques

Icône Encolure

ENCOLURE

Relativement courte et musclée, implantée bas.
Icône Sabot

SABOT

Sabots durs, compacts et résistants
Icône Tête

TÊTE

Taille proportionnellement assez grande, au profil parfois légèrement concave.
Icône Oreilles

OREILLES

Oreilles petites et mobiles.
Icône Yeux

YEUX

Yeux expressifs et vifs, donnant un regard alerte.
Icône Poitrail

POITRAIL

Poitrail profond, mais étroit.
Icône Garrot

GARROT

Garrot peu marqué, noyé dans la masse musculaire.
Icône Dos

DOS

Dos court et solide, adapté aux efforts.
Icône Rein

REIN

Rein fort, parfois légèrement long.
Icône Croupe

CROUPE

Croupe carrée et musclée, peu inclinée.
Icône Membres antérieurs

MEMBRES ANTÉRIEURS

Ossature robuste, mais sèche.
Icône Membres postérieurs

MEMBRES POSTÉRIEURS

Ossature robuste, mais sèche.
Icône Articulations

ARTICULATIONS

Articulations solides, mais les membres peuvent paraître courts.
Icône Ossature

OSSATURE

Ossature robuste mais sèche.
Icône Musculature générale

MUSCULATURE GÉNÉRALE

Bien développée, en particulier au niveau de la croupe et du poitrail.
Icône Silhouette globale

SILHOUETTE GLOBALE

Poney trapu, compact et solide, d’allure primitive.

Histoire

Le Cavallino della Giara est l’un des rares chevaux européens ayant conservé un mode de vie semi-sauvage et une histoire fortement marquée par son isolement insulaire.


 Antiquité et premières influences

  • Selon plusieurs hypothèses, les ancêtres du Cavallino auraient été introduits en Sardaigne par les Phéniciens (VIIIe–VIe siècles av. J.-C.), puis consolidés par les Carthaginois.
  • D’autres thèses évoquent l’influence des Grecs ou des Romains, qui utilisaient la Sardaigne comme escale stratégique en Méditerranée.
  • Le cheval s’est ensuite adapté aux conditions du plateau basaltique de la Giara, développant rusticité et sobriété.

 Moyen Âge

  • La race, isolée sur le plateau, a échappé à de nombreux croisements extérieurs.
  • Contrairement au cheval sarde de plaine, plus exposé à des influences espagnoles et orientales, le Cavallino della Giara est resté archaïque et homogène.
  • Il servait alors à de petites tâches agricoles (traction légère, battage du blé) et comme monture paysanne.

 Temps modernes (XVIe – XIXe siècles)

  • Durant l’époque espagnole et savoyarde, peu d’attention fut portée à ce petit cheval, jugé « trop rustique » par rapport aux grands chevaux de cavalerie.
  • Il continua à survivre quasi à l’état sauvage, utilisé localement, mais sans véritable programme de sélection.

 XXe siècle : menace d’extinction

  • Après la Seconde Guerre mondiale, le nombre de poneys diminua fortement en raison de la mécanisation agricole.
  • Dans les années 1950–1960, on craignit la disparition de la race.
  • Des initiatives locales commencèrent à protéger les derniers troupeaux encore présents sur la Giara.

 1971 : tournant décisif

  • L’Istituto Incremento Ippico della Sardegna (aujourd’hui Agris Sardegna) lança un programme officiel de sauvegarde.
  • Mise en place de la réserve de la Giara, protection du territoire et suivi vétérinaire minimal.
  • Création d’un stud-book spécifique (dans les années 1970), aujourd’hui géré par l’ANAREAI.

 XXIe siècle : reconnaissance patrimoniale

  • Le Cavallino della Giara est désormais reconnu par le MIPAAF comme l’une des 16 races équines italiennes autochtones à effectif limité.
  • Il est valorisé comme symbole culturel et naturel de la Sardaigne, au même titre que le mouflon ou le nuraghe.
  • La population reste réduite (environ 600–700 individus), mais relativement stable grâce aux efforts de conservation.

 L’histoire du Cavallino della Giara est donc celle d’un cheval antique, oublié par l’histoire militaire et utilitaire, mais sauvé par son isolement. Aujourd’hui, il constitue une relique vivante de la biodiversité méditerranéenne.

Comportement & caractère

Le Cavallino della Giara garde une personnalité marquée par son mode de vie semi-sauvage, tout en développant une relation particulière avec l’homme lorsqu’il est domestiqué.


 En liberté (semi-sauvage)

  • Vif et méfiant : habitué à se défendre contre les prédateurs et à survivre dans un environnement rude.
  • Organisation sociale forte : les chevaux vivent en hardes (groupes familiaux) menés par une jument dominante.
  • Hiérarchie stricte : les mâles dominants contrôlent l’accès aux femelles, les jeunes étalons formant souvent des groupes séparés.
  • Instinct de survie développé : habitués à se nourrir de maigres ressources, ils sont économes dans leurs déplacements et très résistants.

 En élevage ou au contact de l’homme

  • Rustique, mais adaptable : malgré son côté farouche, il apprend vite à travailler avec l’homme lorsqu’il est capturé jeune.
  • Caractère énergique : c’est un poney vif, alerte et intelligent, parfois têtu.
  • Courageux : il ne recule pas facilement devant les difficultés, ce qui en fait une monture fiable sur terrains accidentés.
  • Polyvalent : utilisé pour l’équitation enfantine, l’attelage léger ou la randonnée, il développe un comportement coopératif avec une éducation adaptée.

 Traits de tempérament marquants

  • Fierté et indépendance : conserve une certaine distance naturelle vis-à-vis de l’homme.
  • Sociabilité intra-troupeau : fort attachement à ses congénères, ce qui le rend parfois difficile à séparer du groupe.
  • Sobriété alimentaire et résistance : accepte des conditions de vie que d’autres races ne supporteraient pas.

Le Cavallino della Giara est un poney vif, intelligent et rustique, alliant la méfiance naturelle du cheval sauvage et la loyauté du compagnon domestiqué. Son caractère reflète son histoire : liberté, endurance et résilience.

Zone d'élevage

Le Cavallino della Giara est aujourd’hui étroitement associé au plateau de la Giara di Gesturi, dans le sud de la Sardaigne. Ce vaste territoire basaltique d’environ 45 km², situé entre 500 et 600 mètres d’altitude, constitue son habitat naturel et historique. On y trouve des prairies, des étendues rocheuses, des mares temporaires (paùlis) et des bois clairs de chênes, qui permettent aux chevaux de vivre en semi-liberté tout au long de l’année.


Les principales communes concernées sont :

  • Gesturi, qui abrite la plus grande partie de la population actuelle.
  • Tuili, Setzu et Genoni, où s’étend également le plateau.

La zone de la Giara est aujourd’hui un site protégé et représente l’un des derniers écosystèmes italiens à héberger des chevaux semi-sauvages. On estime qu’environ 600 à 700 individus vivent encore en liberté, répartis en petits groupes familiaux.


En dehors de ce noyau, quelques effectifs domestiqués sont élevés dans des centres équestres ou conservés par des associations locales, mais la population véritablement authentique reste concentrée sur la Giara di Gesturi, qui demeure le cœur historique et culturel de la race.

Perspectives futures

Le Cavallino della Giara est aujourd’hui à un tournant : il est à la fois une race en danger en raison de ses effectifs limités, et un atout patrimonial pour la Sardaigne et l’Italie.


 Conservation génétique

  • La priorité reste la préservation du noyau semi-sauvage sur le plateau de la Giara di Gesturi.
  • Programmes de contrôle généalogique via le stud-book (ANAREAI).
  • Maintien de l’isolement génétique pour éviter la dilution de la race par des croisements non contrôlés.

 Développement durable et tourisme

  • Le Cavallino della Giara est devenu un symbole touristique majeur de la Sardaigne.
  • Écotourisme : balades guidées pour observer les hardes en liberté sur la Giara.
  • Valorisation dans les parcs naturels et réserves pédagogiques, comme outil d’éducation à la biodiversité.
  • Possibilité d’augmenter la notoriété internationale de la race en l’intégrant dans des projets tels que le Parc Chevaux du Monde.

 Utilisations modernes

  • Équitation enfantine et poney-clubs en Sardaigne, avec quelques programmes d’élevage secondaire.
  • Médiation animale : grâce à sa petite taille et son caractère vif mais intelligent, il est adapté à des activités pédagogiques et sociales.
  • Cheval de randonnée légère : dans les zones rurales sardes, il est utilisé pour de petites randonnées en terrain difficile.

 Menaces et enjeux

  • Population limitée (environ 600–700 individus) → vulnérabilité aux maladies, accidents climatiques, perte d’habitat.
  • Risques liés à l’abandon progressif des zones rurales et à l’urbanisation.
  • Nécessité de trouver un équilibre entre conservation semi-sauvage et utilisation économique pour assurer sa pérennité.

 Perspectives globales

  • Patrimoine identitaire de la Sardaigne à préserver à long terme.
  • Potentiel d’export culturel : l’image du Cavallino della Giara peut devenir un symbole de la biodiversité méditerranéenne.
  • Intégration dans des programmes européens de sauvegarde des races autochtones à faible effectif.
  • Envisager une inscription à l’UNESCO comme patrimoine immatériel lié à la culture équestre sarde.

L'avenir du Cavallino della Giara dépend de la capacité à conjuguer conservation écologique, valorisation touristique, et utilisation raisonnée. Son rôle de symbole culturel et génétique en fait une ressource rare à préserver pour les générations futures.

Santé

Le Cavallino della Giara est réputé pour sa robustesse et sa résilience sanitaire, héritées de siècles de sélection naturelle dans un milieu rude et pauvre.


 Points forts de santé

  • Rusticité extrême : il tolère de fortes variations climatiques (été chaud et sec, hiver froid et venteux sur le plateau).
  • Immunité naturelle élevée : les chevaux vivant en semi-liberté développent une bonne résistance aux maladies courantes des équidés.
  • Sabots durs et compacts : adaptés aux terrains rocailleux, ils nécessitent peu d’entretien dans la nature.
  • Sobriété alimentaire : il se contente de pâturages maigres et de végétation arbustive, limitant les risques d’obésité ou de troubles digestifs.

 Vulnérabilités

  • Petite population (600–700 individus) → risque de consanguinité et perte de diversité génétique.
  • Carence minérale possible : le sol basaltique pauvre peut entraîner des déficits en oligo-éléments (calcium, phosphore, sélénium), d’où la nécessité de compléments dans les élevages hors zone sauvage.
  • Parasitoses : comme tout équidé vivant en liberté, il peut être sujet aux infestations intestinales ou cutanées, mais il y montre souvent une tolérance plus grande que les chevaux domestiques.
  • Accidents naturels : fractures, blessures dues aux affrontements entre étalons ou aux terrains accidentés.

 Gestion sanitaire actuelle

  • Sur le plateau de la Giara, les chevaux vivent quasi sans intervention humaine, ce qui maintient une sélection naturelle rigoureuse.
  • Les programmes de sauvegarde (Agris Sardegna, ANAREAI) incluent un suivi vétérinaire minimal, surtout pour la reproduction et le contrôle des naissances.
  • Dans les élevages domestiques, la race bénéficie des soins classiques (vaccinations, vermifugations, maréchalerie).

Le Cavallino della Giara est une race saine, résistante et frugale, mais qui nécessite une gestion attentive de la consanguinité et de la nutrition pour garantir sa pérennité hors du milieu naturel.


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