LE SYSTÈME DIGESTIF DU CHEVAL : UN ÉQUILIBRE AUSSI FRAGILE QUE FASCINANT

Vue latérale stylisée du système digestif équin : un estomac réduit, un cæcum volumineux, et une complexité digestive propre au cheval.
Le cheval est un athlète puissant, un herbivore endurant… mais aussi un organisme particulièrement sensible lorsqu’il s’agit de digestion. Coliques, ulcères, troubles digestifs : ces affections sont courantes, car le système digestif du cheval est à la fois complexe, spécialisé et vulnérable. Pour bien s’en occuper, il faut d’abord le comprendre.
1. Un herbivore pas comme les autres
Le cheval est un herbivore monogastrique, c’est-à-dire qu’il possède un seul estomac, contrairement à la vache ou au mouton. Il est également un fermenteur postérieur : la digestion des fibres se fait principalement dans le cæcum, situé après l’intestin grêle.
Cela implique :
- une digestion continue, avec un besoin d’ingérer régulièrement du fourrage
- une fermentation microbienne active dans l’intestin postérieur
- un équilibre fragile entre flore digestive, motilité et alimentation
2. Le parcours alimentaire du cheval
Voici les grandes étapes de la digestion chez le cheval :
- Bouche : mastication lente, insalivation (pas de digestion enzymatique dans la salive)
- Œsophage : canal unique avec un clapet anti-retour naturel (le cheval ne peut pas vomir)
- Estomac : petit (15 L max), vidange partielle même s’il n’est pas plein
- Intestin grêle : digestion des sucres, protéines, lipides
- Cæcum et côlon : fermentation des fibres (cellulose), production d’acides gras volatils, source d’énergie
3. Un estomac minuscule… pour un grand mangeur
L’estomac du cheval est très petit comparé à sa taille (2 à 3 % du poids corporel). Il se vide rapidement, parfois même avant que le contenu soit totalement digéré. Cela explique pourquoi :
- les repas trop volumineux sont mal tolérés
- il vaut mieux fractionner la ration en plusieurs prises
- un accès libre au foin est bénéfique pour stabiliser l’acidité gastrique
4. Le cæcum : un organe-clé
Le cæcum est une grande poche de fermentation (jusqu’à 30 L) remplie de bactéries spécialisées qui décomposent la cellulose.
Il joue un rôle vital dans :
- la digestion des fibres végétales
- la production d’énergie (acides gras volatils)
- la synthèse de certaines vitamines
Mais ce système repose sur une flore très sensible aux variations : un changement brutal d’alimentation, des céréales mal digérées ou un stress peuvent perturber cet équilibre, avec des conséquences parfois graves (coliques, diarrhées, acidose…).
5. Le cheval ne peut pas vomir : un danger silencieux
Le clapet œsophagien du cheval est très puissant. Résultat : impossible de vomir en cas de surcharge, intoxication ou fermentation excessive. Cette particularité le rend particulièrement vulnérable à :
- l’obstruction (bouchon œsophagien)
- la distension gastrique
- certaines formes de colique grave
6. Digestion rythmée, pas saccadée
Le cheval est conçu pour manger en continu : environ 15 à 18 heures par jour dans la nature. Un cheval qui reste à jeun plus de 4 à 5 heures peut :
- développer un ulcère gastrique (lié à l’acidité)
- devenir irritable, stressé
- surconsommer lors du prochain repas
L’idéal :
- du foin à volonté ou à minima 1,5 % du poids du cheval par jour
- des rations de concentrés fractionnées
- éviter les changements brutaux d’alimentation
7. Coliques, ulcères… des pathologies fréquentes
- Coliques : douleurs digestives (gaz, obstruction, déplacement). Première cause de mortalité équine.
- Ulcères : lésions de la muqueuse de l’estomac, très fréquentes chez les chevaux de sport ou anxieux.
- Dysbiose : déséquilibre de la flore intestinale, favorisée par le stress, les vermifuges ou les antibiotiques.
Conclusion : respecter la nature digestive du cheval
Le cheval n’est pas un “simple ruminant” ou un athlète à alimenter à la pelle. Son système digestif, très spécialisé, exige une attention constante : fourrage de qualité, rythme stable, eau propre, et respect de ses besoins naturels.
Comprendre sa physiologie, c’est déjà le protéger.