Poids : 700 – 900 kg
Taille : 160 – 170 cm
Le Trait Poitevin Mulassier est originaire du Marais poitevin, vaste zone humide située à cheval sur trois départements : la Vendée, les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime, dans l’ouest de la région Nouvelle-Aquitaine. Cette région, façonnée dès le Moyen Âge par des siècles de travaux d’endiguement, de poldérisation et de canaux, a vu émerger une culture agropastorale spécifique, fortement liée à l’eau, aux prairies humides et aux élevages mixtes.
Ancrage culturel :
Le cheval Poitevin Mulassier est indissociable de l’histoire rurale du Marais poitevin. Il a été sélectionné dès le XVIIe siècle pour ses aptitudes à évoluer dans les sols lourds et détrempés.
Ce cheval n’était pas un cheval de guerre ou de parade, mais un cheval utilitaire, rustique, sobre, apprécié pour sa capacité de traction lente et régulière.
Son rôle central fut surtout celui de géniteur de mules par croisement avec l’ânesse Baudet du Poitou. Cette « mule poitevine » était considérée comme la meilleure du monde pour le trait et l’endurance, exportée à grande échelle vers l’Amérique et l’Afrique aux XVIIIe et XIXe siècles.
Il est un symbole de l’identité agricole et patrimoniale de la région, aujourd’hui défendu comme race locale en danger par les acteurs du territoire.
Le Trait Poitevin Mulassier possède une importance génétique majeure, à la fois patrimoniale, agricole et conservatoire, pour plusieurs raisons :
Race fondatrice pour la mule poitevine :
Le Poitevin Mulassier est historiquement la seule race équine dédiée à la production de mules par croisement avec des ânesses de race Baudet du Poitou. Cette spécificité génétique a permis de produire des mules réputées mondialement pour leur vigueur et leur endurance.
Il conserve donc un patrimoine génétique unique, lié à cette aptitude au croisement hétérogène.
Population génétiquement très réduite :
La race a failli disparaître au XXe siècle, victime de la mécanisation agricole.
Aujourd’hui, elle figure sur la liste des races équines menacées par la FAO et les autorités françaises :
- Moins de 300 juments sont en reproduction chaque année
- Forte consanguinité : la faible diversité des étalons fondateurs (424 à la fermeture du stud-book en 1922) rend la conservation génétique d’autant plus critique.
Sa sauvegarde est une priorité en matière de biodiversité domestique.
Rôle dans les programmes de conservation
La race est intégrée à des programmes nationaux de sauvegarde coordonnés par le Ministère de l’Agriculture et l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE).
Elle bénéficie aussi de mesures d’encouragement à l’élevage et d’aides à la monte dans le cadre de la préservation des races locales.
Potentiel pour l’adaptation au changement climatique
Rustique, sobre, adapté aux zones humides et aux travaux extensifs, le Poitevin Mulassier incarne une alternative écologique au machinisme agricole dans certaines pratiques (entretien de zones humides, traction animale en agriculture bio, etc.).
Le Trait Poitevin Mulassier est génétiquement irremplaçable :
- pour la production mulassière,
- pour la diversité des traits de traction,
- et pour son rôle patrimonial dans l’histoire agricole de l’Ouest de la France.
Le Trait Poitevin Mulassier est une race ancienne, intimement liée à l’histoire rurale et économique de l’ouest de la France, et en particulier du Marais poitevin. Son évolution est marquée par la spécialisation dans la production de mules, une activité qui a fait sa renommée internationale.
Origines : des chevaux de marais :
Dès le XVIe siècle, on mentionne dans le Bas-Poitou des chevaux rustiques et puissants adaptés aux sols lourds et humides des marais atlantiques.
Ces chevaux étaient utilisés pour les travaux agricoles lents, mais puissants, notamment le labour profond dans les terrains détrempés du marais.
Spécialisation mulassière (XVIIe – XIXe siècle) :
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la région devient un centre majeur de production de mules poitevines, issues du croisement entre juments poitevines et ânesses Baudet du Poitou.
La mule poitevine devient une référence mondiale, exportée vers les colonies françaises, l’Espagne, les États-Unis, et l’Afrique.
Cette demande oriente la sélection : le cheval poitevin devient plus longiligne, à la conformation favorable au croisement et sa morphologie se fixe progressivement.
Création du stud-book (1884) :
Le stud-book des races mulassières du Poitou est créé en 1884 pour encadrer la sélection.
En 1922, le stud-book est clos, avec 424 étalons fondateurs, marquant la fin de l’introduction de sang extérieur et la fixation du type "mulassier".
Déclin au XXe siècle :
L’avènement de la mécanisation agricole après 1945 entraîne un effondrement de la demande en mules et en chevaux de trait.
La race, strictement utilitaire, manque de reconversion. Le Poitevin Mulassier passe à quelques dizaines d’individus dans les années 1970.
Sauvegarde à partir des années 1980 :
Mobilisation d’éleveurs, d’institutions (Haras nationaux, IFCE) et d'associations locales.
Création de programmes de conservation génétique et de promotion d’usages alternatifs (attelage, traction animale écologique).
Inscription de la race sur la liste des races à faible effectif protégées par le ministère de l’Agriculture.
Aujourd’hui :
Environ 300 naissances par an, race toujours en danger, mais mieux reconnue. Symbole du patrimoine rural poitevin, avec un ancrage culturel fort dans la région.
Le Trait Poitevin Mulassier est unanimement reconnu pour son tempérament calme, sa docilité et son intelligence pratique, ce qui en fait un cheval agréable à manier, même par des personnes peu expérimentées.
- Calme : Le Poitevin Mulassier est d’un naturel paisible, peu émotif, ce qui lui permet d’évoluer sereinement dans des environnements variés, y compris en présence de bruit ou de foule.
- Docile : Facile à éduquer, il accepte bien les manipulations, que ce soit pour les soins, l’attelage ou la traction. Il fait preuve d’une grande coopération avec l’humain.
- Patient et posé : Habitué aux travaux longs et lents (labours dans les marais, traction sur terrains difficiles), il a conservé une grande résistance mentale et une capacité à rester concentré.
- Intelligent : Il comprend rapidement les consignes simples et sait adapter son comportement, notamment dans les travaux de précision (débardage, attelage).
- Tempérament rustique : Issu de milieux exigeants, il est endurant, peu exigeant en soins, et très tolérant au stress environnemental (eau, humidité, froid).
Relation à l’homme :
Il développe souvent un lien de confiance fort avec son meneur. Très apprécié dans les contextes touristiques et pédagogiques, il est aussi utilisé dans certains programmes d’hippothérapie ou de médiation animale en raison de sa douceur.
En résumé, le Poitevin Mulassier est un cheval de trait fiable, affectueux et sécurisant, idéal pour des usages doux, éducatifs ou de traction lente.
L’élevage du Trait Poitevin Mulassier est historiquement et actuellement très localisé, principalement dans l’ouest de la France, au sein de l’ancien bas-Poitou et des marais atlantiques.
Zone principale d’élevage :
- Deux-Sèvres (79) – cœur historique, notamment autour de Coulon, Niort, et Magné
- Vendée (85) – secteur de Maillezais, Fontenay-le-Comte
- Charente-Maritime (17) – marais autour de Rochefort et Marans
Quelques élevages en Charente (16), Loire-Atlantique (44) et Vienne (86) Présence marginale dans d'autres départements français grâce à des programmes de conservation ou à des éleveurs passionnés.
Contexte écologique de l’élevage :
Les zones humides du Marais Poitevin (labellisé Parc Naturel Régional) offrent un terrain idéal à l’élevage de cette race adaptée aux sols lourds et gorgés d’eau. Ces prairies inondables sont également utilisées pour l’éco-pâturage, avec le Poitevin comme outil de gestion écologique.
Présence en centres de conservation :
Des haras ou centres d’élevage spécialisés, notamment à Dampierre-sur-Boutonne (17) ou Saint-Georges-de-Rex (79), participent à la préservation active de la race.
Le Trait Poitevin Mulassier, classé parmi les races équines menacées, fait aujourd’hui l’objet d’une stratégie de conservation active, avec des enjeux à la fois patrimoniaux, écologiques et économiques.
Préservation génétique :
- Maintenir et élargir le noyau reproducteur, actuellement très restreint.
- Réduire la consanguinité par des croisements contrôlés et l’intégration raisonnée d’anciens lignages.
- Maintien du studbook fermé à la race pure, mais avec un suivi rigoureux.
Soutiens institutionnels renforcés :
- Inclusion dans le Plan national pour les races menacées.
- Appui de l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Équitation) et du ministère de l’Agriculture.
- Primes à la reproduction et aides à l’élevage dans certaines régions.
Nouveaux usages :
Développement de la traction animale moderne : agriculture biologique, maraîchage, entretien des milieux humides (écopâturage, débardage).
Mise en valeur dans le tourisme rural : attelage, balades en calèche, animation de sites culturels et revalorisation du rôle du cheval dans les dynamiques de développement local.
Défis persistants :
- Faible rentabilité économique de la filière, avec peu de débouchés commerciaux rentables.
- Manque de relève générationnelle dans l’élevage.
- Besoin de sensibilisation du public à l’intérêt de cette race locale.
Perspectives positives :
Reconnaissance croissante comme race à haute valeur patrimoniale et écologique.
Intégration dans des programmes agroenvironnementaux.
Présence dans des projets de revalorisation territoriale liés au Marais poitevin et à la biodiversité.
En résumé, le Trait Poitevin Mulassier dispose de perspectives réalistes de survie à moyen et long terme, à condition que les efforts de conservation soient soutenus et que ses usages soient modernisés et valorisés.
Le Trait Poitevin Mulassier est une race réputée robuste, rustique et bien adaptée aux conditions humides et aux terrains lourds du Marais poitevin. Toutefois, certaines particularités liées à la consanguinité et au format imposant de la race nécessitent une vigilance accrue dans la gestion sanitaire et zootechnique.
Points forts sur le plan sanitaire :
- Grande rusticité : Résiste bien aux intempéries, au froid, et aux environnements humides. Il peut vivre dehors une grande partie de l’année, notamment dans les pâtures du marais.
- Peu sujet aux maladies métaboliques : Grâce à une alimentation simple et à une digestion efficace, il est rarement concerné par des troubles comme les coliques ou les syndromes métaboliques équins, à condition de ne pas être suralimenté.
- Solidité des pieds : Bien que massif, il a des sabots larges et solides, peu sujets aux abcès ou aux seimes. La ferrure est parfois nécessaire selon l’utilisation (traction, attelage), mais il peut aussi vivre pieds nus sur terrain souple.
Points de vigilance :
- Risque de consanguinité : Le faible nombre de reproducteurs a entraîné un resserrement génétique, ce qui accroît la probabilité de transmission de faiblesses héréditaires. D’où l’importance des programmes de gestion génétique rigoureuse.
- Croissance lente : Comme beaucoup de chevaux de trait, il mûrit lentement, tant sur le plan osseux que musculaire. Une charge de travail trop précoce peut entraîner des troubles articulaires.
- Sensibilité aux maladies parasitaires en zone humide : Du fait de son habitat d’origine, le Poitevin Mulassier peut être exposé à certains parasites internes (strongles, douves) ; un programme de vermifugation raisonné est indispensable.
Santé reproductive :
La race fait l’objet d’un suivi zootechnique renforcé, notamment sur les juments inscrites au studbook et les étalons approuvés. Des inséminations artificielles sont parfois utilisées pour diversifier les lignées sans déplacer les animaux.
Né le 01/01/1922
Était l’un des étalons les plus influents à la fermeture du stud-book en 1922. Sa descendance est encore largement présente dans les lignées actuelles. Connu pour sa puissance et sa régularité morphologique, il a marqué la typicité « mulassière » de la race.