Jument boulonnaise à Samer, Pas-de-Calais, France. - Photo : Amélie Tsaag Valren
Poids : 600 – 900 kg
Taille : 155 – 175 cm
Cheval boulonnais au salon international de l'agriculture de Paris en 2010. - Photo : Eponimm
Jument boulonnaise et son poulain de l'année à Samer, en septembre 2018. - Photo : Amélie Tsaag Valren
Cheval boulonnais attelé lors du concours Trait d'avenir attelage dans l'épreuve de maniabilité - Salon international de l'agriculture 2013, Paris, France - Photo : Eponimm
Le cheval Boulonnais est originaire du nord de la France, plus précisément du Boulonnais, une région côtière située autour de Boulogne-sur-Mer, dans le département du Pas-de-Calais.
Cette race de trait puissante descend d’anciens chevaux utilisés par les légions romaines, enrichie par des croisements avec des chevaux arabes et andalous lors des croisades, puis avec des traits lourds flamands et normands.
Elle s’est développée pour répondre aux besoins du transport lourd, en particulier pour tracter les convois de poissons entre Boulogne et Paris, d’où son surnom de « Colis lourd du Nord ».
Le Boulonnais est ainsi profondément lié à l’histoire agricole, économique et militaire de sa région.
Le Boulonnais possède une valeur génétique patrimoniale majeure en tant que race de trait française ancienne et distincte. Sa constitution robuste, sa docilité, ainsi que sa capacité de traction exceptionnelle en font un réservoir génétique important pour :
– le maintien de la diversité génétique des races de trait, dans un contexte de déclin général des effectifs ;
– l'amélioration de la morphologie et de la solidité osseuse dans les croisements destinés à l’attelage de loisir ou à des usages agricoles ;
– la conservation de lignées rustiques adaptées aux climats tempérés humides et au travail intensif ;
– le développement de chevaux "utilitaires modernes", à la fois puissants et élégants, grâce à son modèle harmonieux.
En outre, le Boulonnais est l’une des rares races de trait à avoir conservé une certaine finesse de type et un modèle dynamique, ce qui le rend aussi intéressant pour des croisements plus légers (ex. : chevaux d’attelage de sport).
Sa préservation est aujourd’hui un enjeu génétique et culturel, soutenu par des programmes d’élevage encadrés par l’État et les associations régionales.
Origines antiques et gallo-romaines :
Le Boulonnais trouve ses racines dans la région de Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France. Dès l’Antiquité, les peuples de la Gaule belgique y élèvent des chevaux robustes adaptés au climat et aux terrains du littoral. On suppose que les légions romaines, lors de la conquête, auraient croisé ces chevaux locaux avec des races orientales, notamment d’origine arabe ou numide, posant les premières bases de la race.
Croisades et influences orientales :
Du XIe au XIIIe siècle, les seigneurs de la région participant aux Croisades ramènent des chevaux barbes et andalous, qui sont croisés avec les souches locales. Ce sang oriental affine le modèle, donne au Boulonnais une tête expressive, une encolure bien arquée et des allures plus souples. On parle alors du "Grand Boulonnais", puissant et raffiné.
Un cheval militaire et de transport :
À partir du Moyen Âge et jusqu’au XVIIIe siècle, le Boulonnais est utilisé comme cheval de guerre pour la cavalerie lourde, puis comme cheval de transport, notamment pour les charges militaires et les denrées. Son endurance et sa puissance le rendent indispensable aux armées comme aux marchands.
Le « Colis lourd du Nord » :
Au XIXe siècle, le Boulonnais se spécialise dans un usage civil essentiel : il tracte les voitures de poisson entre Boulogne-sur-Mer et Paris, un trajet de 200 km effectué en relais. Cette activité lui vaut le surnom de « Colis lourd du Nord », et contribue fortement à la renommée de la race.
Création du stud-book et standardisation :
Le stud-book du Boulonnais est officiellement créé en 1886. Il vise à encadrer la reproduction, standardiser les caractéristiques morphologiques de la race et préserver sa qualité. À cette époque, la race est florissante, avec des milliers de naissances annuelles.
Déclin et mécanisation :
Le XXe siècle marque un déclin brutal du Boulonnais, lié à la mécanisation agricole et aux deux guerres mondiales, qui déciment les effectifs. Malgré une tentative de reconversion vers la boucherie dans les années 1960, la race continue de perdre du terrain.
Sauvegarde et renouveau partiel :
Depuis les années 1980, des programmes de sauvegarde sont mis en place par l’État, les Haras Nationaux et des associations d’éleveurs. Le Boulonnais est de plus en plus visible dans les fêtes du cheval, le tourisme vert, l’attelage de loisir et la traction écologique.
Une race toujours en danger :
Malgré les efforts de préservation, le Boulonnais reste classé comme race en danger critique d’extinction par la FAO. Son avenir dépend de la mobilisation des éleveurs, de soutiens publics, et d’une meilleure valorisation de ses qualités dans les usages modernes.
Le Boulonnais est reconnu pour son tempérament calme, posé et coopératif. C’est un cheval docile, facile à manipuler et d’une grande gentillesse, même avec des personnes inexpérimentées. Il montre une bonne volonté naturelle au travail et s’adapte aisément aux consignes, que ce soit à l’attelage ou à la main.
Malgré sa puissance et son gabarit imposant, il fait preuve de souplesse d’esprit et d’un caractère très équilibré, ce qui en fait un excellent partenaire pour des activités de loisirs, de traction ou de médiation animale.
Par ailleurs, le Boulonnais possède une grande intelligence et une sensibilité fine, qui renforcent le lien de confiance avec son meneur. Sa tranquillité d’esprit le rend rarement peureux ou agressif, et il supporte bien les environnements variés (foule, bruit, attelage en ville…).
Le Boulonnais est historiquement et majoritairement élevé dans le nord de la France, avec une concentration particulière dans les départements suivants :
– Pas-de-Calais, berceau historique de la race, notamment autour de Boulogne-sur-Mer, Desvres, Samer et Montreuil-sur-Mer ;
– Somme et Nord, où l’élevage s’est étendu dès le XIXe siècle ;
– Seine-Maritime et Oise, zones d’expansion secondaire liées à l’utilisation agricole et au transport ;
– Normandie, notamment dans l’Eure et la Manche, pour quelques élevages spécialisés.
Aujourd’hui, le Boulonnais reste principalement élevé dans les Hauts-de-France, mais certains élevages se trouvent également dans d’autres régions françaises et quelques pays européens, notamment la Belgique et l’Allemagne, dans le cadre de programmes de préservation.
Cette répartition géographique est soutenue par des associations régionales et des programmes de sauvegarde, visant à maintenir une population génétiquement viable et adaptée aux usages contemporains (attelage, spectacle, traction écologique…).
Le Boulonnais, comme la plupart des chevaux de trait, fait face à des défis importants, notamment la réduction drastique de ses effectifs et la désaffection pour les usages agricoles traditionnels. Cependant, plusieurs tendances positives permettent d’envisager des perspectives encourageantes :
– Soutien actif de l’État et des collectivités, avec des programmes de sauvegarde encadrés par l’IFCE et les associations d’éleveurs ;
– Diversification des usages, notamment dans l’attelage de loisir, le tourisme vert, la traction animale en milieu urbain ou forestier, et les spectacles équestres ;
– Valorisation patrimoniale, avec une reconnaissance accrue du Boulonnais comme élément du patrimoine vivant régional, en particulier dans les Hauts-de-France ;
– Développement de circuits courts et d’élevages de proximité, favorisant un modèle économique durable et local ;
– Croisements ciblés dans certains programmes européens pour améliorer la conformation ou la rusticité d’autres races.
Malgré cela, le Boulonnais reste une race menacée, classée en danger critique d’extinction par la FAO. Sa préservation dépend fortement de la mobilisation des éleveurs, de l’implication des institutions publiques et d’une meilleure sensibilisation du grand public à son intérêt historique, esthétique et fonctionnel.
Le Boulonnais est généralement un cheval robuste, rustique et doté d’une bonne longévité, grâce à sa constitution solide et à une sélection rigoureuse. Toutefois, comme toute race ancienne à effectif réduit, il présente quelques vulnérabilités spécifiques :
– Consanguinité : en raison du faible nombre de reproducteurs, la diversité génétique est limitée, ce qui nécessite une attention particulière lors des accouplements pour éviter les dérives génétiques.
– Problèmes d’aplombs : certains individus peuvent présenter des défauts de conformation, notamment au niveau des membres (jarrets clos, panards, pieds plats), surtout chez les jeunes chevaux mal suivis.
– Poids : du fait de leur masse corporelle importante, les Boulonnais peuvent être sujets à des problèmes articulaires ou tendineux, notamment s’ils sont confinés sans activité régulière.
– Sensibilité aux fourbures : comme beaucoup de chevaux de trait, ils peuvent être prédisposés à la fourbure, notamment en cas de suralimentation ou de mauvaise gestion alimentaire.
– Risque de gale de boue : à cause de leur vie souvent en pâture humide et de leurs fanons, ils sont sensibles aux affections cutanées comme la gale de boue s’ils ne sont pas entretenus correctement.
Il n’existe pas de maladie génétique officiellement identifiée comme spécifique au Boulonnais, mais une surveillance vétérinaire régulière et une alimentation équilibrée sont essentielles à sa bonne santé.