JAPON : LE YABUSAME, L’ART SACRÉ DU TIR À L’ARC À CHEVAL

Archer japonais en tenue traditionnelle tirant à l’arc à cheval pendant une démonstration de Yabusame, face à une cible en bois.

Tir à l’arc en pleine course – un cavalier de Yabusame vise avec précision lors d’un rituel shinto.

Source : https://chevauxdumonde.com/fr/article/japon-le-yabusame-l-art-sacre-du-tir-a-l-arc-a-cheval

Le Japon possède une tradition équestre à la fois discrète et profondément spirituelle. Parmi les arts martiaux ancestraux transmis depuis les temps des samouraïs figure le Yabusame, un spectacle impressionnant où un archer, lancé à pleine vitesse sur un cheval, tire trois flèches successives sur des cibles de bois. Plus qu’une performance, c’est un rite sacré d’offrande aux dieux, où se conjuguent maîtrise du corps, du cheval et de l’esprit.


Origines historiques


Le Yabusame trouve ses racines au XIIe siècle, sous le règne du shogun Minamoto no Yoritomo. Il est créé pour entraîner les samouraïs à la concentration, au calme intérieur et à la précision en mouvement.


Inspiré par des rites anciens, ce tir à l’arc monté devient peu à peu un rituel militaire et religieux, censé démontrer l’alignement entre l’homme, sa monture et l’ordre du monde.


Le rôle spirituel


Le Yabusame n’est pas un sport : c’est un acte d’offrande aux divinités shinto (kami). Chaque flèche tirée est une prière, chaque cible touchée est un signe de bon augure.


Avant la course, l’archer se purifie selon un rituel codifié. Il s’incline devant le sanctuaire, invoque la protection des dieux, puis monte à cheval, concentré et silencieux.


Le but n’est pas la compétition, mais la recherche de l’équilibre intérieur et du geste juste, dans une communion sacrée entre l’homme, le cheval, l’arc et les cieux.


Le déroulement d’un tir de Yabusame


- La piste fait environ 255 mètres de long.

- Le cavalier la parcourt au galop, sans jamais s’arrêter.

- Il tient un arc asymétrique traditionnel (yumi) de plus de 2 mètres.

- En chemin, il doit décocher trois flèches en bois sur trois cibles carrées suspendues sur le côté droit.

- Chaque tir doit être fait dans un timing parfait, sans déséquilibrer la monture.

- Le public observe dans un silence religieux. Un tir réussi provoque cris de joie, tambours, et parfois même danses de célébration.


Les chevaux du Yabusame


Les chevaux utilisés ne sont pas choisis pour leur race mais pour leur tempérament calme, leur réactivité et leur capacité à galoper en ligne droite sans hésiter.


Certains cavaliers choisissent des races japonaises anciennes comme le Kiso, rare et endurant, originaire des montagnes centrales.


Le cheval est richement harnaché, mais sans armure ni protection lourde : tout repose sur la fluidité du mouvement.


L’archer-cavalier


Ce n’est pas un cavalier ordinaire. Il doit maîtriser l’art du tir à l’arc japonais (kyūdō), le code vestimentaire des samouraïs, et l’équitation d’équilibre.


Il porte souvent une tenue de chasse traditionnelle : kimono de cérémonie, pantalon hakama, haut rigide brodé, couvre-chef ou casque en laque.

Son attitude est codifiée, noble, toujours digne : il ne sourit pas, il ne parle pas, il représente les ancêtres guerriers.


Où voir le Yabusame aujourd’hui ?


Le Yabusame est encore pratiqué de nos jours dans des sanctuaires shinto, lors de grandes fêtes traditionnelles. Il attire autant les Japonais que les touristes étrangers.


Parmi les plus célèbres événements :

- Sanctuaire Meiji-jingū (Tokyo) – avril et octobre

- Tsurugaoka Hachimangū (Kamakura) – festival d’automne

- Nikko Tōshō-gū (préfecture de Tochigi) – festival du printemps

- Sanctuaire Shimogamo (Kyoto) – plus rare, mais prestigieux


Une tradition préservée avec rigueur


Le Yabusame est transmis par des écoles spécialisées, souvent liées à la maison impériale ou à des familles de samouraïs. L’une des plus connues est l’école Ogasawara, fondée au XVe siècle, qui conserve les codes stricts du tir et du comportement du cavalier.


Aujourd’hui encore, seuls quelques pratiquants sont autorisés à se produire, après des années d’entraînement intensif. Ce respect absolu du rite garantit l’authenticité du geste et sa portée symbolique.


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