ESPAGNE : L'ART DU DOMA VAQUERA ET LE CHEVAL ANDALOU DANS LES FERIAS

Doma Vaquera : art équestre andalou entre tradition de travail et élégance festive, illustré lors des ferias d’Espagne.
Au sud de la péninsule Ibérique, l’Andalousie incarne l’un des plus anciens foyers de culture équestre d’Europe.
Depuis les écuries royales de Cordoue jusqu’aux plaines de la campiña, cette terre de contrastes a vu naître une relation unique entre l’homme et le cheval. Ici, l’animal n’est pas seulement monté : il est célébré, paré, dansé, honoré.
Au cœur de cette tradition rayonne le cheval andalou, officiellement désigné sous le nom de Pura Raza Española (P.R.E.), symbole de noblesse, de grâce et de polyvalence.
La Doma Vaquera : entre travail et élégance
La Doma Vaquera, littéralement « dressage de vacher », trouve son origine dans les besoins concrets des vaqueros andalous, ces gardiens de troupeaux qui évoluaient au galop dans des paysages accidentés.
À l’origine, il s’agissait d’un dressage fonctionnel, destiné à manier un bétail parfois indocile à l’aide d’une longue perche (la garrocha) en restant parfaitement en selle.
Aujourd’hui, cette pratique s’est muée en un art codifié, à la croisée du dressage classique, du reining et de la tradition ibérique. Le cheval andalou y révèle toute son intelligence, sa maniabilité et sa prestance.
Les cavaliers, vêtus de leur costume traditionnel (pantalon ajusté, veste courte, chapeau à large bord), exécutent des figures complexes : pirouettes, changements de pied, arrêts glissés, reculers précis, le tout dans une harmonie impressionnante avec leur monture.
En compétition comme en démonstration, la Doma Vaquera séduit par sa rapidité, son intensité et sa beauté chorégraphiée, souvent soulignée par la musique flamenca.
Ferias : le théâtre populaire de l’élégance équestre
C’est lors des ferias andalouses que la passion équestre atteint son apogée. Ces fêtes populaires, à la fois religieuses, culturelles et festives, se déroulent chaque année au printemps ou en été dans des villes emblématiques comme Séville, Jerez de la Frontera, Córdoba ou Ronda.
Dans les allées bordées de casetas (tentes décorées), les chevaux défilent par centaines, montés par des cavaliers et cavalières en habits traditionnels. Le cheval andalou s’y montre dans toute sa noblesse : crinière soignée, harnachement orné de clous, mouvements relevés, il évolue au pas, au trot ou en piaffer dans une foule admirative.
Des attelages somptueux, tirés par des chevaux coordonnés et richement harnachés, circulent lentement entre les promeneurs. Les amazones, quant à elles, portent des robes flamencas colorées, montent en selle ou participent aux défilés en calèche.
Un lien ancestral, vivant et codifié
La relation entre l’Andalou et son cavalier n’est pas qu’esthétique : elle repose sur une connaissance fine du comportement équin, transmise de génération en génération dans les familles rurales et les écoles d’équitation classique espagnole. Dans ce lien, on retrouve les valeurs fondamentales de la culture andalouse : respect, patience, élégance et fierté.
Les Écoles Royales Andalouses d’Art Équestre, comme celle de Jerez, perpétuent cette tradition avec rigueur. Elles forment cavaliers et chevaux selon les principes du dressage ibérique, avec des influences héritées des écoles viennoises et françaises, mais dans un style profondément hispanique.
Le cheval andalou : ambassadeur d’une identité
Plus qu’une monture, le P.R.E. est l’un des piliers de l’identité culturelle espagnole. Exporté à travers le monde pour ses aptitudes sportives, il reste, en Espagne, le roi des ferias, des corrales et des démonstrations d’élégance. Grâce à son tempérament docile, son port altier et sa beauté naturelle, il est devenu un véritable ambassadeur de la culture ibérique, autant apprécié dans les disciplines artistiques que sportives.